Redonner vie à la Chapelle royale Une restauration indispensable pour un édifice vieux de trois siècles

Après avoir traversé les siècles avec quelques rénovations mineures, la Chapelle royale a subi une restauration générale de 2017 à 2021. L’enjeu : sauvegarder l’édifice. Le toit, ses parements, la statuaire, les vitraux et la charpente nécessitaient une remise en valeur globale à même de conserver son harmonie si spécifique. Les travaux ont commencé à l’automne 2017, Versailles a connu la plus grande entreprise de restauration de son histoire depuis celle de la Galerie des Glaces.

La Chapelle royale n’a quasiment connu aucune modification depuis 1710, date de la fin des travaux – exception faite du lanternon retiré en 1765, son poids endommageant gravement la charpente. Une longévité qui témoigne non seulement de la qualité de l’ensemble architectural mais aussi du choix des matériaux qui ont été utilisés pour son édification. À titre d’exemple, dix natures de pierre différentes ont servi à construire la Chapelle et la charpente, entièrement en chêne, est une des plus abouties du Château.

Pour autant, l’altération par le temps des matériaux est inéluctable. Malgré un système d’évacuation des eaux remarquable par sa discrétion et son efficacité, des infiltrations au niveau de la toiture alourdie par des ajouts décoratifs en plomb ont endommagé la structure de la charpente. Sur les façades exposées aux intempéries, les sculptures et ornements s’érodent peu à peu. Trois siècles après l’inauguration de ce fleuron de l’architecture sacrée, il était devenu indispensable d’entreprendre une restauration d’envergure qui s’étende à l’ensemble de la chapelle, afin de ne pas perdre la cohérence du bâtiment.

La statuaire de pierre et les ornements de façade subissent une inexorable dégradation qui émousse progressivement le relief des sculptures.

© Thomas Garnier

Au niveau de la charpente, l’intervention est urgente face aux fuites et l’apparition de fissures.

© Thomas Garnier

I. La charpente

Partie masquée de la Chapelle royale, la charpente est pour autant d’un intérêt patrimonial essentiel. La complexité de sa conception et son assemblage composé d’éléments massifs taillés dans du bois de chêne est exceptionnel. Si la structure est dans un état relativement correct, des fuites récentes ont entraîné des dommages qu’il faut réparer au plus vite. Cette rénovation se fera dans le respect des matériaux d’origine avec une reprise à l’identique des éléments en chêne endommagés.

II. La couverture et les plombs décoratifs

Organe déterminant de l’aspect extérieur de la Chapelle royale, le « grand comble » – autrement dit le toit – est particulièrement remarquable de par la profusion de sculptures et d’ornements en plomb qui le recouvrent. Deux ensembles de sculptures marquent les extrémités du sommet de l’édifice dont toutes les arêtes portent des frises décoratives. Six lucarnes, elles aussi ornementées de sculptures en plomb, viennent compléter l’ornementation de la toiture en ardoise. Pour la restauration de la charpente, l’ensemble du toit devra être démonté. Ses sculptures et ornementations seront retravaillées en atelier et remises en dorure afin de redonner à l’édifice son aspect original.

III. Les menuiseries et les vitraux

Véritable particularité dans l’architecture générale du bâtiment, les fenêtres sont à l’image de l’aspect intérieur et extérieur de la Chapelle royale : élancées et lumineuses. Une telle impression n’est rendue possible que par la dimension de ses ouvertures en glace blanche, un véritable luxe pour l’époque. Avec le temps, la menuiserie métallique qui fait tenir les glaces et vitraux entre eux s’est abîmée. Il faudra les démonter afin de rénover l’ensemble et de restaurer les glaces et vitraux en atelier.

IV. Les statues

Réalisées par les principaux artistes de l’époque, elles ne laissent rien au hasard dans les allégories et les iconographies qu’elles mettent en scène. Expressivité, virtuosité technique… Autant de défis et d’enjeux pour la restauration de ces œuvres. Cette dernière est devenue particulièrement nécessaire du fait de l’érosion qui découle de leur exposition aux éléments. Une campagne d’adoption de statue permettant de financer cette part essentielle de la restauration est ouverte à cette occasion.

V. Les sculptures

La qualité du décor sculpté de la Chapelle royale fait sans conteste partie de la spécificité artistique de cet édifice hors-norme. Entre les gargouilles, les torchères, les chapiteaux de pilastres (sommet des colonnes de façade), les têtes de chérubins des fenêtres et les 46 baies encadrant ces ouvertures, pas moins de 140 éléments vont devoir être retravaillés en atelier ou in situ pour redonner à l’édifice la splendeur sculpturale qui le rend si unique.

Une toile monumentale

© EPV/Thomas Garnier

Pour préserver l’harmonie du château mais aussi afin de protéger la Chapelle des intempéries, une bâche géante a été déployée sur un échafaudage monumental. Réalisée par l’artiste Pierre Delavie, elle exposait en trompe-l’œil l’intérieur de l’édifice dans une perspective surréaliste.

Cette entreprise considérable s'est attaquée à tous les défauts dus à la dégradation du temps va faire intervenir une multitude d’expertises et de métiers essentiels à la conservation du patrimoine et des traditions artisanales. Maîtres couvreurs, maîtres charpentiers, tailleurs de pierre, sculpteurs, maîtres verriers, vitriers, doreurs, serruriers, etc. : ils seront les mains de cette première rénovation d’ampleur.

Comme le signale Frédérique Didier, architecte en chef des monuments historiques chargé du château de Versailles, il était difficile avec un édifice d’une telle unité d’intervenir de manière ponctuelle. « Cela faisait plus de vingt ans que nous hésitions à entreprendre ces travaux. […] Agir dans la globalité, en commençant par la partie haute du monument, demandait des moyens considérables. » C’est donc grâce au mécénat de la Fondation Philanthropia et de Saint-Gobain que ces travaux d’une ampleur remarquable ont pu être entrepris.

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