Le Versailles de
Flavie Leroux

Chercheuse au Centre de recherche du château de Versailles, elle est spécialiste de l'histoire de la Cour et des femmes en France (XVIe-XVIIe siècles), en particulier des maîtresses royales. Découvrez « Le Versailles de » Flavie Leroux.

Sa biographie

 

Docteur en Histoire et civilisations de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris), membre associée au Centre de recherches historiques (UMR 8558), Flavie Leroux travaille actuellement comme chercheuse au Centre de recherche du château de Versailles. Elle y coordonne notamment le programme « Identités curiales et le mythe de Versailles en Europe : perceptions, adhésions et rejets (XVIIIe-XIXe siècles) ». Elle est par ailleurs spécialiste de l'histoire de la Cour et des femmes en France (XVIe-XVIIe siècles), en particulier des maîtresses royales, auxquelles elle a consacré sa thèse et un ouvrage, Les maîtresses du roi, de Henri IV à Louis XIV (Champ Vallon, 2020).

Ses coups de cœur 

  • Versailles émerveille le visiteur, mais bien souvent chacun s’attache à un lieu plus qu’à un autre ; lequel est-ce pour vous ? Pourquoi ?

J’ai toujours été fascinée par les espaces occupés par les femmes et dans lesquels l’on peut, encore aujourd’hui, saisir certaines facettes de leur quotidien ou de leur intimité. Mon premier coup de cœur est ainsi allé au Petit Trianon, notamment à la chambre à coucher et au boudoir de la reine, qui restituaient à merveille l’image que je m’étais forgée, au fil des lectures, de Marie-Antoinette. Mes recherches et ma passion pour les maîtresses royales ont ensuite orienté mon intérêt vers les appartements qu’elles ont pu habiter au sein du château, parmi les rares encore visibles aujourd’hui : ceux de la marquise de Pompadour et ceux de la comtesse Du Barry. Au sein de ce dernier, j’affectionne particulièrement la bibliothèque avec son alcôve entourée de glaces, sa petite fenêtre donnant sur la cour, ses étagères chargées d’ouvrages. 

 

  • Au détour d’une salle ou d’une allée, une peinture, une sculpture ou un objet a retenu votre attention ; quel est-il ? Que représente-t-il pour vous ?

Dans la bibliothèque de Mme Du Barry, se trouve justement un objet qui m’a toujours captivée, tant pour sa beauté que pour le symbole qu’il revêt : une cage à oiseaux, ornée de fleurs en porcelaine et frappée aux armes de la comtesse. Bien qu’elle ne soit probablement pas authentique, je ne peux m’empêcher d’y voir retranscrite toute la fascination exercée, de leur temps et jusqu’à nos jours, par les maîtresses royales. Lors de mes visites, je ne peux non plus manquer d’admirer, dans la pièce dite de la Vaisselle d’or, le médailler de Louis XVI – une véritable prouesse technique. Côté peinture, j’aime à m’arrêter devant les portraits de celles que j’ai l’habitude de côtoyer dans mes recherches, pour mieux m’en imprégner, notamment le Louise de La Vallière de Jean Nocret (v. 1667) et le tableau anonyme représentant la marquise de Montespan et ses enfants (v. 1678).

 

La bibliothèque de Madame Du Barry

 

  • Nos premiers pas dans la galerie des Glaces, l’eau jaillissant des Grandes Eaux… Chacun d’entre nous possède un souvenir de Versailles plus fort que les autres. Lequel est-ce pour vous ?

À l’exception de ma première visite, réalisée un hiver de 2005 ou 2006, mon souvenir le plus ému couvre une succession de découvertes à l’occasion d’un séminaire de master organisé en 2012 par le CRCV, en partenariat avec l’EHESS. Cette formation, qui avait lieu sur place les jours de fermeture, a représenté ma première rencontre intime avec le Château, alors vidé de son public. Outre les connaissances que j’ai pu acquérir, au fil des visites et au contact de spécialistes, j’ai été marquée par l’expérience sensorielle totale alors ressentie en traversant la Grande Galerie, le théâtre de la Reine ou encore le Hameau : proximité avec les œuvres, acoustique des pièces, odeur du parquet. Une grande émotion fut également d’avoir, peu après, un bureau au sein du Pavillon de Jussieu, qui me permettait d’accéder librement aux jardins du Petit Trianon.

 

Ses conseils de lecture

  • Versailles se raconte à travers des milliers de pages, des mémoires les plus anciens aux livres d’art les plus récents. Quel est pour vous le livre incontournable sur Versailles ?

La bibliographie est riche et vaste, mais s’il ne faut en retenir que quelques publications, deux me semblent indispensables, que l’on soit d’ailleurs expert ou néophyte. La première, Versailles. Histoire, dictionnaire et anthologie, a été publiée en 2005 sous la direction de Mathieu da Vinha et Raphaël Masson. La seconde, dirigée par Joël Cornette, est parue l’année suivante sous le titre Versailles. Le pouvoir de la pierre. Ces deux ouvrages sont des collectifs rassemblant les contributions de grands spécialistes et couvrent l’histoire de Versailles sur le temps long, permettant d’aborder de multiples aspects tels que l’édification du lieu, son fonctionnement, ses principaux occupants, ses représentations et sa mémoire. L’on y retrouve également de précieuses annexes, notamment de riches bibliographies, des plans et une anthologie de témoignages.

  • Classique, récit d’aventures, beau-livre… Incontournable de votre bibliothèque ou récente découverte, auriez-vous un conseil de lecture à nous donner ?

Ma première approche de Versailles s’est faite par les romans historiques. J’en citerai donc deux : d’abord un classique, L’allée du roi de Françoise Chandernagor qui retrace, à partir de ses lettres, le destin étonnant de la marquise de Maintenon ; ensuite une publication plus récente, Le goût du roi : Louis XV et Marie-Louise O’Murphy de Camille Pascal qui, en s’appuyant sur des sources de première main, restitue l’histoire d’une maîtresse largement méconnue. Côté beau-livre, toujours sur les femmes de l’entourage royal, j’ai récemment particulièrement apprécié les catalogues de deux expositions : Madame de Maintenon. Dans les allées du pouvoir (Château de Versailles, 2019) et La princesse Palatine, 1652-1722. La plume et le soleil (Saint-Cloud, Musée des Avelines, 2020-2021).