Musée des Beaux-Arts d'Arras / 28 juin - 11 novembre 2019 Le traité de Versailles

© EPV / Christophe Fouin

Le partenariat entre la ville d'Arras, la région Hauts-de-France et le château de Versailles propose cette année une exposition du Traité de Versailles signé en 1919 et qui met fin à la Première Guerre mondiale. A l'occasion du centenaire de la signature, le Musée des Beaux-Arts d'Arras présente, du 28 juin au 11 novembre 2019, une exposition consacrée à cet événement majeur de l'histoire du XXe siècle.

 

une réception diplomatique

Le 28 juin 1919, le château de Versailles est en effervescence, et la Galerie des Glaces au coeur de l'attention internationale. Choisie comme lieu de la signature du traité de paix, la Grande Galerie dessinée par Mansart retrouve une fois encore le rôle politique que les rois lui avaient assigné. Louis XIV inaugure ce rôle diplomatique en accueillant le Doge de Gênes, en 1685, l'ambassade du Siam en 1686, et l'ambassadeur de Perse en 1715 ; Louis XV renouvelle ce geste en recevant l'ambassadeur turc, en 1742. Cette évocation du Traité de Versailles propose au visiteur de se plonger dans les grandes heures politiques de ce lieu, et sur le cérémonial entourant ces réceptions.
Les relations franco-allemandes souvent tendues se trouvent au coeur du propos, et font l'objet d'une étude particulière. Les campagnes de Louis XIV en Allemagne et notamment le sac du Palatinat en 1688 marquèrent les esprits des contemporains, et le ressentiment ne quittera plus l'âme allemande. Sous l'Empire, la victoire d'Iéna et l'entrée de Napoléon à Berlin en 1806 poussent l'humiliation à son paroxysme. La proclamation de l'Empire allemand dans la Galerie des Glaces en 1871 aurait pû être la dernière étape de cette relation complexe, mais la Première Guerre mondiale vient raviver ces tensions.

En prévision de la cérémonie de la signature, personnels du Château et membres du gouvernement œuvrent à la métamorphose de la Galerie. Sur le parquet sont disposés 24 tapis de la Savonnerie prêtés par le Mobilier National, que des couturières cousent bords à bords. Au centre de la Galerie, on construit une imposante table en fer à cheval. De chaque côté, des rangées des banquettes sont destinées à accuellir les journalistes (côté Salon de la Guerre), et les invités (côté Salon de la Paix). Les signataires siègeront au centre de la Galerie, parmi lesquels Georges Clemenceau, entouré de Woodrow Wilson, Sidney Sonnino et David Lloyd George.

Aménagement de la Galerie des Glaces, où sera signé le traité. Versailles, 1919

© Albert Harlingue/Roger-Viollet

 

Le traité de paix

Signé le 28 juin 1919, le Traité de Versailles devait mettre un terme définitif au conflit entre la France et l'Allemagne. Le choix de la date et du lieu de la signature ne sont pas laissés au hasard : le 28 juin, cinq ans jour pour jour après l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche à Sarajevo ; et la Galerie des Glaces en réponse à la proclamation de l'Empire allemand dans la Galerie des Glaces, le 18 janvier 1871. Les négociations sur les conditions de paix se sont tenues à Paris entre janvier et juin 1919. Ces dernières ont été compliquées : les Alliés mènent seuls ces discussions et peinent à trouver un terrain d'entente. L'Américain Woodrow Wilson rêve d'un monde pacifié à la tête duquel siégerait la Société des Nations ("Quatorze point de Wilson"), tandis que l'italien Vittorio Orlando ne souhaite qu'accroître son espace. La France menée par Georges Clemenceau, quant à elle, souhaite faire payer l'Allemagne pour les dégats que les quatre années de guerre ont causé au pays, et se prémunir contre toute vélléité future de puissance. L'anglais David Lloyd George souhaite, au contraire, permettre à l'Allemagne de conserver son rang.

Le 17 juin 1919, le traité de paix est soumis à la délégation allemande menée par le ministre des Affaires étrangères Ulrich von Brockdorff-Rantzau. Les contre-propositions allemandes sont toutes rejetées. Face aux pays alliés, l'Allemagne doit s'incliner. Brockdorff-Rantzau démissionne finalement afin d'éviter d'avoir à signer ce "diktat". Il est remplacé par Hermann Müller, le nouveau ministre des Affaires étrangères et Johannes Bell, ministre des Transports, qui resteront, dans l'Histoire, les deux signataires allemands du traité de paix.

Grandes dates

Le traité de Versailles

 

La cérémonie

La séance dure cinquante minutes. Aucun décorum, aucune musique pour célébrer ce moment solennel. Dès 13h45, les signataires alliés passent la Grille d'Honneur en voiture, sous les honneurs de la garde républicaine. Le public assiste à un véritable ballet de véhicules : les uns après les autres, les passagers sont déposés au pied de l'Escalier de la Reine, qu'il gravissent avant de se rendre à la Galerie des Glaces. A 14h10, Clemenceau arrive sous les acclamations de la foule. De l'autre côté du Château, à l'Hôtel des Réservoirs où est logée la délégation allemande, Hermann Müller et Johannes Bell montent dans l'automobile qui les conduit, à travres le parc, au pied du Château, dans lequel ils pénètrent par l'ancien Grand Cabinet de Madame Victoire. Là les y attend Pierre de Nolhac, conservateur du Château. C'est ce dernier qui les conduit jusqu'à la Galerie des Glaces.

 Pierre de Nolhac, "La résurrection de Versailles" :

"Je pris la tête du petit cortège et l'acheminai, par des salons qu'on dut trouver interminables, à l'escalier de marbre où les gardes républicaines faisaient la haie sur les marches. (...) C'était, pour quelques instants encore, l'ennemi qui passait et le vaincu, et je voyais dans les yeux d'Hermann Müller se former des larmes qu'il ne pouvait dissimuler."

Les signataires allemands pénètrent dans la Galerie par le Salon de la Paix, et s'installent, dans un lourd silence, à l'une des tables. Rarement la Grande Galerie n'a vu autant de monde siéger entre ses murs. À l'invitation de Clemenceau, Müller et Bell sont les premiers à signer le traité de paix. Après eux, chaque délégation s'approche du bureau pour signer. A 15h55, le dernier signataire regagne sa place.

A l'issue de la cérémonie, la délégation allemande quitte le Château par les jardins, sous les yeux de la foule qui a investi le Parterre d'eau. Après elle, les "quatre grands", Clemenceau, Wilson, Sonnino et Lloyd George, sortent dans les jardins, sous les acclamations de la foule.

Signature du Traité de Paix - Sortie des Alliés après la signature du traité de paix, 28 juin 1919

© EPV

Le lien vers le site collection

 

L'exposition

L'exposition au Musée des Beaux-Arts d'Arras s'attache à présenter le moment de la signature du traité autour de la pièce emblématique de l'événement : le bureau de la signature, conservé dans les collections du château de Versailles. Le parcours de l'exposition retrace la place de la Galerie des Glaces dans les différents événements diplomatiques qu'a connu le château de Versailles, des premières réceptions d'ambassadeurs par Louis XIV au Traité de Versailles.

Des jeunes élèves de 3ème du collège Jean Monnet d’Aubigny-en-Artois, de 1ère européenne du lycée Guy Mollet et de 1ère L du lycée Gambetta-Carnot à Arras, ont été invités à travailler pendant toute l’année scolaire sur la restitution et la transmission de cet événement historique, à travers trois grands thèmes : la réception du traité dans la presse locale, le traité et ses conséquences mondiales, la présence des gueules cassées. À la suite de visites du Musée des Beaux-Arts d'Arras et des salles d'exposition en amont du projet suivies de rencontres avec les commissaires et le scénographe, les élèves investiront par le rendu de leurs travaux la dernière salle de l’évocation.

Websérie "le château de Versailles pendant la Grande Guerre"

Découvrir

 

Commissariat

Betrand Rondot, conservateur en chef au château de Versailles
Marie-Lys Marguerite, directrice du musée des Beaux-Arts d'Arras

                         

 

Mécènes et partenaires

L'exposition est organisée grâce au mécénat de :

 

Autour de l'exposition

Le 25 juin 2019 se tiendra le colloque "L'art délicat de la paix. Les effets du traité de versailles sur la Chine contemporaine." dans l'auditorium du château de Versailles.

Soutenue par la Mission du Centenaire et les réseaux éducatifs français et chinois, la conférence qui réunit des spécialistes de la diplomatie et de l’histoire des relations internationales, est consacrée aux effets du traité de Versailles sur l’histoire de la Chine.

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