Web série vidéo - Au-dessus de l’autel, sur la tribune, on admire l’orgue de la Chapelle royale, tout de dorures et d’ornements sculptés. Son histoire, passionnante, commence en 1679, bien avant la construction de la chapelle définitive, elle se poursuit aujourd’hui, grâce aux mains habiles de ceux qui le font vivre et sonner.
Le Grand Orgue de la chapelle Royale
Ils nous racontent...
Cette web série en trois épisodes donne la parole à ceux qui font vivre le Grand Orgue de la Chapelle royale.
Elle explique le contexte musical dans lequel cet orgue a été conçu, ses mécanismes complexes, ainsi que le déroulement de sa dernière restauration.
épisode 1 : Rencontre avec les quatre organistes
Ce premier épisode dresse le portrait des quatre organistes par quartier de la Chapelle royale de Versailles : François Espinasse, Frédéric Desenclos, Jean-Baptiste Robin et Michel Bouvard. Ces artistes d'exception font entendre ce que Louis XIV voulait être « la plus belle musique religieuse d’Europe ».
La rencontre entre l'instrument et l'organiste est très personnelle. Ainsi, Michel Bouvard et Frédéric Desenclos ont eu la chance de découvrir ces sonorités uniques par leur héritage familial.
François Espinasse et Jean-Baptiste Robin témoignent quant à eux du privilège de jouer dans ce lieu chargé d'histoire, où d'illustres musiciens, comme le jeune Mozart ou François Couperin, se sont exprimés avant eux.
épisode 2 : Rencontre avec le facteur d'orgue
Dans ce deuxième épisode dédié à l’orgue de la Chapelle royale, Bertrand Cattiaux, facteur d’orgue, explique le mécanisme complexe de cet instrument à vent.
Depuis tout petit, Bertrand Cattiaux est fasciné par le flot de musique qui, durant la messe, remplissait l'église toute entière. Dos à l'instrument, sa curiosité l'emmena à découvrir cette profession méconnue, garante d'un savoir-faire unique, qui consiste à entretenir et harmoniser, ce grand instrument à vent.
épisode 3 : Rencontre avec le directeur des théâtres
Jean-Paul Gousset, directeur des théâtres de Versailles et chargé de mission pour la restauration de l'orgue de la Chapelle royale de Versailles, raconte l’histoire des restaurations successives de l’orgue, et révèle les découvertes qui ont jalonné sa reconstitution par Betrand Cattiaux, Jean-Loup Boisseaux et Michel Chapuis.
Cette vidéo est réalisée en hommage à Michel Chapuis (15 janvier 1930-12 novembre 2017), organiste de la Chapelle royale de Versailles, de 1995 à 2010.
l'histoire du grand orgue
En 1679, Louis XIV commande un orgue à deux corps séparés au facteur parisien Étienne Enocq, pour la chapelle (la troisième aménagée à Versailles, la définitive étant la cinquième). Elle occupait alors, de 1672 à 1682, l’emplacement de l’actuelle salle du Sacre au premier étage, et de la première antichambre de la Dauphine au rez-de-jardin.
Mais les plans définitifs de la Chapelle, dernier chantier commandé par Louis XIV, contraignent, près de vingt ans plus tard, à tout recommencer pour construire un orgue à un seul corps, d’après les plans de l’architecte Robert de Cotte qui succède à Jules Hardouin-Mansart. Le buffet est sculpté par Philippe Bertrand. Quant à la partie instrumentale, elle est réalisée d’après les plans de 1679 d’Étienne Énocq par les facteurs Julien Tribuot et Robert Cliquot. Ce dernier, dénommé « facteur d’orgue royal », fut considéré comme le plus important facteur d’orgue français de 1700 à 1720.
Le 5 juin 1710, la cinquième chapelle est bénie, et l’orgue inauguré par François Couperin. L’instrument est exceptionnellement placé au-dessus de l’autel, pour prendre place face à la tribune depuis laquelle la famille royale assiste à la messe. Le buffet d’orgue est classé au titre "objets des monuments historiques" de 1882, qui officialisa la protection du domaine de Versailles.
Après la mort de Louis XIV, en 1715, l’instrument subit des transformations. Relevé à plusieurs reprises par les descendants de Robert Cliquot, sa composition est remaniée en 1736 par les travaux du facteur Louis-Alexandre Clicquot, et en 1762, par François-Henri Clicquot.
La composition des orgues français du XVIIe au XVIIIe siècle évolue, les jeux de claviers se multiplient. Lors du relevage de l’orgue, François-Henri Clicquot reproduit le plan de l’orgue de 1679, mais supprime la Voix humaine de l’Écho, les jeux transpositeurs, tout en ajoutant de nouveaux jeux.
L’orgue de la Chapelle royale est sauvé de justesse de la vente pendant la Révolution, par Jean-Louis Bêche, un ancien musicien de la Chapelle royale, et le facteur Jean Somer. Ses emblêmes royaux sont supprimés en 1794.
Les restaurations de l’orgue jusqu’à sa dernière reconstitution
Au cours du XIXeme siècle , l’orgue subit des interventions de réparations et d’entretien, ainsi que des modifications qui altèrent son état original. Deux restaurations majeures sont conduites de la deuxième partie du XIXeme siècle à la veille de la Seconde guerre mondiale.
La première est effectuée par Aristide Cavaillé-Coll en 1872, qui conçoit un orgue romantique, adapté à l’esthétique du moment, mais respecte le buffet.
La seconde est réalisée par Victor Gonzalez en 1935 dans le goût néoclassique, à la commande de la Commission des Orgues. Ces restaurations étant jugées inauthentiques vis-à-vis de l’état ancien, l’orgue est entièrement démonté en 1989. Une reconstitution scrupuleuse à la manière de Clicquot, visant l’état de 1710, est effectuée par Jean-Loup Boisseau et Bertrand Cattiaux en 1994.
L’orgue actuel a été inauguré les 18 et 19 novembre 1995 par Michel Chapuis.
J.-P. Decavèle, La reconstruction de l’orgue de la chapelle du Château de Versailles, dans [Plaquette d'inauguration]
Château de Versailles. Inauguration de l'orgue de la Chapelle, 17, 18 et 19 novembre 1995.