Retour sur le chantier de l'appartement de madame Du Barry

©-Didier Saulnier

L’exposition Louis XV s’accompagne de la réouverture de l’appartement de madame Du Barry, restauré grâce au mécénat exceptionnel du groupe AXA. Aménagé par Ange-Jacques Gabriel à la demande de Louis XV, l’appartement de quatorze pièces s’étend sur plus de 350 m², dans un décor blanc et or. Stéphane Masi, chargé d’opérations, revient sur les travaux qui ont permis à l’appartement de madame Du Barry de retrouver toute sa splendeur.

Quelles ont été les grandes étapes du chantier ? Avec quels artisans avez-vous travaillé ?

Après le diagnostic des pièces, le déplombage a été la première étape du chantier afin d’assurer la sécurité des compagnons qui travaillent sur le site. Ensuite ont débuté les travaux de menuiserie : les boiseries dégradées ont été déposées, certaines ont été restaurées sur place, d’autres en atelier. Nous avons ensuite procédé à l’électrification des appartements, en installant notamment les alimentations des futurs bras de lumière au-dessus de chaque cheminée. Après avoir été remis en place, les boiseries et autres éléments de menuiserie ont été peints et décorés par les peintres et les doreurs. Une fois posé, le parquet a été restauré et recouvert d’une peinture minérale de couleur jaune ocre, très en vogue au XVIIIe siècle. Des travaux d’équipements techniques ont été pensés de façon à faciliter les prochains travaux du corps central nord, qui ont pour vocation le futur traitement climatique et la mise en sécurité incendie des espaces.

Ce chantier était considérable, il y avait donc, au plus fort de notre activité, jusqu’à une trentaine d’ouvriers sur le chantier : vingt-cinq peintres-doreurs, huit menuisiers et deux bronziers.

Quelle a été l’ampleur des travaux ? Avez-vous été confronté à des étapes délicates ou à des imprévus au cours de cette restauration ?

Il s’agissait d’un chantier d’une envergure exceptionnelle, en raison de la surface et des volumes des appartements de madame Du Barry. En effet, à la différence du Cabinet d’angle récemment restauré, il y avait 14 pièces à restaurer dans l’appartement de madame Du Barry, ce qui a constitué un véritable challenge, très stimulant mais parfois aussi stressant. Nous disposions de seulement 16 mois pour finir les travaux avant l’inauguration de l’exposition consacrée à Louis XV, alors qu’il nous avait fallu près d’un an pour réaliser la restauration du Cabinet d’angle, qui n’avait qu’une seule pièce.

En plus de l’ampleur du chantier, nous avons fait face à plusieurs contraintes à différents niveaux. La première difficulté était liée à la localisation des appartements de madame Du Barry, qui sont situés en plein cœur du corps central, un lieu de passage très contraint. Il fallait donc penser les travaux de manière à assurer la sécurité des visiteurs. Le fait que ces appartements soient accessibles seulement par deux cours intérieures a rendu le transport des matériels et matériaux bien plus difficile, multipliant les temps de manutention par trois. Enfin, la problématique plomb a ajouté une difficulté supplémentaire : toutes les pièces n’étaient pas plombées ce qui nous a contraints à distinguer deux zones sur le chantier en fonction du plombage de chacune des pièces.

Comment parvenir à donner à voir aux visiteurs l’atmosphère intime de cet appartement ?

C’est Frédéric Didier, l’architecte en chef des monuments historiques en charge de cette restauration, qui a travaillé à rendre l’ambiance des lieux tels qu’ils furent lorsqu’ils étaient habités par madame Du Barry, entre 1770 et 1774. Il a cherché à retrouver cette atmosphère vivante, vécue, voire passée en travaillant avec des matériaux d’origine. Il s’agit d’une véritable restauration qui succède à la grande restauration d’André JAPY entre 1943 à 1947. Nous avons donc conservé les décors tels qu’ils avaient été pensés par Ange-Jacques Gabriel, l’architecte qui avait aménagé l’appartement. C’est dans cette perspective qu’ont travaillé les artisans, ce qui a pu complexifier leur travail, comme pour les doreurs  car une grande partie de la dorure est d’origine.

Quel rôle a joué le mécénat d’AXA dans l’avancée des travaux ?

Outre l’apport financier, l’équipe d’AXA a joué un rôle important : investie et dynamique, elle a été motrice dans l’avancée du chantier en nous proposant comme échéance l’ouverture de l’exposition consacrée à Louis XV.  Je salue également la proximité d’AXA avec les compagnons travaillant sur le chantier. Les vidéos réalisées dans le cadre de la campagne de communication d’Axa et du château de Versailles sur les réseaux sociaux mettaient en lumière l’artisanat et témoignaient de leur reconnaissance de l’excellence et du savoir-faire de nos artisans, ce qui était très appréciable.

©-Didier Saulnier

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