1725. Des alliés amérindiens à la cour de Versailles

Exposition du 25 novembre 2025 au 3 mai 2026

En 1725, quatre chefs amérindiens et une femme amérindienne de la vallée du Mississippi sont reçus en France dans le cadre d’un voyage diplomatique inédit. Cet événement constitue le point culminant de relations que la couronne de France cherche à nouer avec les nations autochtones d’Amérique du Nord, sur fond de conflits entre les puissances coloniales européennes et leurs alliés amérindiens. Cette exposition offrira une occasion rare de découvrir l’histoire et la vie des nations amérindiennes de la vallée du Mississippi au XVIIIe siècle, leurs liens avec la France, l’extraordinaire traversée de l’Atlantique de leurs chefs, et la rencontre de ces derniers avec Louis XV, la Cour et la capitale.

La vallée du Mississippi autochtone au XVIIIe siècle

La première section de l’exposition plongera le visiteur dans l’univers complexe des sociétés amérindiennes de la vallée du Mississippi, à l’époque où les Français commencent à l'explorer et à s’y installer. Cette rencontre entre ces deux civilisations donnera bientôt naissance à une alliance durable, fondée sur des relations diplomatiques étroites. 

L'exposition présentera d’abord les grandes nations amérindiennes au cœur de cette histoire, grâce à une carte contemporaine spécialement conçue pour l’exposition, et à de rares cartes anciennes du XVIIIe siècle. Certaines nations étaient déjà liées aux Français par des alliances nouées antérieurement, renforcées en 1701 par la Grande Paix de Montréal dont le traité historique sera exceptionnellement exposé au public.

À travers une série de portraits rares, parmi les seuls conservés de cette époque, se dessinera une toute autre image des sociétés amérindiennes − puissantes, hiérarchisées, guerrières − loin des stéréotypes de peuples nomades et égalitaires. Symbole de cette hiérarchie sociale, une coiffe de plumes exceptionelle, réalisée au XVIIIe siècle pour un chef de haut rang, sera présentée. Il s’agit, très probablement, de la plus ancienne connue au monde. 

La présentation des nations amérindiennes se prolongera avec un aperçu de leurs modes de vie, fondés sur une alternance entre vie agricole et chasse selon les saisons. Leur lien au vivant est aussi spirituel et passe par de véritables relations sociales entretenues avec des « personnes » autre qu’humaines comme les oiseaux-tonnerres, esprits puissants, qui ornent notamment les peaux offertes aux Français comme cadeaux diplomatiques.

L’établissement d’une colonie française : la Louisiane

La deuxième section de l’exposition mettra en lumière les liens étroits tissés entre les Français et leurs alliés autochtones après leur installation en Louisiane. Elle présentera une sélection d’objets illustrant le métissage culturel né au début du XVIIIe siècle : casse-têtes ornés de fleurs de lys, colliers de perles importées ou couteaux européens dans des fourreaux amérindiens. Un calumet de paix, richement décoré de plumes, et une peau peinte le représentant en seront les pièces les plus éloquentes.

En 1724, pour affermir cette alliance, la Compagnie des Indes propose d’inviter des chefs autochtones à la Cour du jeune Louis XV. Étienne Véniard de Bourgmont, commandant du poste du Missouri, sollicite les nations Oto, Osage et Missouri − dont les réponses transcrites dans la correspondance diplomatique seront présentées dans l’exposition − tandis que les Illinois envoient Chicagou, le chef des Michigamea et transmettent la parole de Mamantouensa, chef des Kaskaskia, via un missionnaire jésuite, Nicolas Ignace de Beaubois. 

La constitution de la délégation ne se fait pas sans peine. Alors que d’autres nations devaient envoyer des représentants, le naufrage du navire qui devait les emmener en France dissuade le plus grand nombre de poursuivre. Finalement, la délégation se compose de quatre chefs et de la fille d’un chef missouri et prend la mer au printemps 1725. Dès ce moment, les délégués sont considérés comme des ambassadeurs internationaux et un document nous apprend qu’ils sont traités « comme à la table du capitaine », honneur réservé aux seules élites. 

La réception de la délégation à la Cour

Cette dernière section retracera les étapes de la visite des chefs amérindiens en France − à Paris, Versailles et Fontainebleau − et dévoile le protocole déployé par la Cour pour les recevoir, comme souvent pour les ambassades étrangères. Grâce au précieux témoignage du Mercure de France, on suit leurs déplacements : ils rencontrent les directeurs de la Compagnie des Indes, organisatrice du voyage, et les princes et princesses du sang. L'exposition mettra l’accent sur l'audience donnée par Louis XV aux chefs le 25 novembre 1725 à Fontainebleau. Cet épisode constitue le moment le plus symbolique de la visite au cours duquel les chefs prononcent des harangues destinées à Louis XV qui, en retour, fait preuve d’un intérêt tout particulier pour ses invités.

Après avoir visité Versailles, Marly et Trianon, les délégués ont l’honneur d’être  invités à participer à la chasse à Fontainebleau, aux côtés du roi. Ils acceptent volontiers et prennent part à cet événement « à leur manière », c’est à dire à pied, et munis de leurs arcs.

Le parcours de l’exposition, ponctué de citations du Mercure de France, présentera différents présents similaires à ceux échangés entre les Amérindiens, le roi et le gouvernement : de prestigieuses coiffes, des arcs et un calumet pour les premiers, une médaille en or et autres riches artefacts pour les seconds. Des portraits des principaux acteurs de l'événement côté français ainsi que le portrait jamais exposé en France d’un Amérindien Miami permettront d’illustrer cette rencontre entre la Cour et la délégation, en la restituant dans toute son esthétique.

L'exposition évoquera en point d'orgue la « danse des Sauvages », célèbre pièce composée par Jean-Philippe Rameau et ajoutée à son opéra Les Indes Galantes, qui lui a été inspirée par la danse de deux chefs sur la scène de la Comédie italienne. Cette source d’inspiration, rarement évoquée en France, montre l’impact durable de cette délégation sur la culture française, unique à l'époque.

Enfin, une médiation spéciale permettra aux visiteurs d’écouter les membres autochtones du conseil scientifique de l’exposition évoquer le rapport contemporain de leurs nations avec la France, en écho à cette longue histoire partagée. 

Commissariat

- Jonas Musco, historien, chercheur associé pour le projet CRoyAN
- Paz Núñez-Regueiro, conservatrice générale du patrimoine au musée du quai Branly - Jacques Chirac
- Bertrand Rondot, conservateur général du patrimoine au château de Versailles

L'exposition est développée dans le cadre du projet de recherche CRoyAN – Collections royales d'Amérique du Nord – coordonné par le musée du quai Branly - Jacques Chirac, en dialogue avec quatre nations amérindiennes : la Choctaw Nation of Oklahoma, la Quapaw Nation, la Miami Tribe of Oklahoma et la Peoria Tribe of Indians of Oklahoma. 

L'exposition est coorganisée avec le musée du quai Branly - Jacques Chirac.

Conseil scientifique

- Everett Bandy, Executive Director of Culture, Quapaw Nation
- Elizabeth Ellis, Associate Professor of History, Princeton University, & Tribal History Liaison, Peoria Tribe of Indians of Oklahoma
- George Ironstrack, Assistant Director of the Myaamia Center at Miami University, Miami Tribe of Oklahoma
- Marla Redcorn-Miller, Director, the Osage Nation Museum
- Ryan Spring, Cultural Research Associate, GIS Specialist, Historic Preservation Department, Choctaw Nation of Oklahoma
- Ian Thompson, Senior Director & Tribal Historic Preservation Officer, Historic Preservation Department, Choctaw Nation of Oklahoma
- Elsie Whitehorn, Tribal Historic Preservation Officer, The Otoe-Missouria Tribe of Oklahoma
- Logan York, Tribal Historic Preservation Officer, Miami Tribe of Oklahoma

Colloque international « Le projet CroyAN : Nouvelles approches collaboratives en contextes autochtones nord-américains »

Musée du quai Branly - Jacques Chirac         
Théâtre Claude Lévi-Strauss, 19 - 20 novembre 2025

Cette rencontre se veut un espace d’échange autour des nouvelles pratiques scientifiques et muséographiques, dans le but de renforcer et d’encourager les approches collaboratives entre chercheurs, musées et nations autochtones.
L’ensemble des collaborateurs français et autochtones impliqués dans le projet CRoyAN seront invités à présenter les résultats des six années de recherche ou à proposer un retour réflexif sur cette expérience collaborative. Seront également conviés d’autres collègues ayant récemment développé ou pris part à des projets collaboratifs d’envergure au sein de musées aux États-Unis et au Canada.
Organisateurs : 
Jonas Musco, historien, chercheur associé pour le projet CRoyAN
Paz Núñez-Regueiro, conservatrice générale du patrimoine, responsable de l’unité patrimoniale des Amériques

Rencontre publique avec les conseillers scientifiques de l'exposition

Au Salon Jacques Kerchache, musée du quai Branly - Jacques Chirac 
vendredi 21 novembre 2025, 18h

Lancement du n° 40 de Gradhiva. Revue d'anthropologie et d'histoire des arts consacré aux résultats du projet CRoyAN
« Les nations du grand fleuve. Une histoire partagée de la Louisiane coloniale »

Communiqué de presse

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Visuels

Manteau « des Trois Villages », Quapaw, vers 1740, peau de bison, pigments.

© musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Claude Germain

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Calumet. Bois, pierre, plumes d’aigle, piquants de porc-épic, bec de pic-vert, laine

© musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

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Louis XV, roi de France (1710 - 1774), d'après Jean-Baptiste Van Loo, huile sur toile, vers 1721

© Château de Versailles, Dist. RMN © Jean-Marc Manaï

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Lucie Cazassus, Serena Nisti

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