Le prix
Le prix Château de Versailles du livre d’Histoire a pour objectif de soutenir et de mettre en lumière le dynamisme de la production éditoriale en matière de recherche historique.
Pour cette sixième édition, parmi les nombreux ouvrages envoyés par les maisons d'édition – essai, document, biographie, mémoires ou journal –, le comité de lecture a sélectionné cinq titres finalistes.
Le jury, présidé par Catherine Pégard, présidente de l’Établissement public du château de Versailles, se réunira le 31 mai 2023 pour choisir le lauréat.
Le Jury
- Yves Carlier, conservateur général du patrimoine au château de Versailles, président du comité de lecture
- Joël Cornette, historien
- François de Mazières, maire de Versailles
- Emmanuel de Waresquiel, historien
- Olivier Magnan, blogueur Arts et Culture « Scribe accroupi »
- Christine Orban, romancière
- Camille Pascal, conseiller d’État, lauréat de l’Académie française
- Catherine Pégard, présidente du château de Versailles
- Laurent Salomé, directeur du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Listes des ouvrages sélectionnés
Cul-de-sac, une plantation à Saint-Domingue au XVIIIe siècle
Paul Cheney
Éditions Fayard
Au XVIIIe siècle, la plaine du Cul-de-Sac à Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, est divisée en une multitude de plantations sucrières, dont l’une se trouve entre les mains de nobles bretons, les Ferron de la Ferronnays. En suivant l’ascension et la chute de cette famille de planteurs sur près de soixante ans, Paul Cheney redonne vie à un monde disparu, celui d’une aristocratie française œuvrant à sa fortune par-delà les mers, de ses associés jouant de leurs relations et connaissance des lieux, d’esclaves africains sur le travail desquels repose l’ensemble d’un édifice finalement fragile. Car malgré les richesses produites, ces destinées s’inscrivent dans un contexte social, politique et environnemental incertain.
Paul Cheney brosse ici un portrait inédit du capitalisme marchand dans le premier empire colonial, celui d’un système qui, loin d’être source de progrès, se maintint par une inertie qui devait le mener dans une impasse économique et idéologique.
La Main cachée, une autre histoire de la Révolution française
Edmond Dziembowski
Éditions Perrin
À la faveur de la démultiplication prodigieuse de l’information, le monde connaît aujourd’hui une obsession conspirationniste d’une ampleur inédite. Cette propension à interpréter les faits à l’aide d’une grille de lecture faisant fi de la réalité n’a cependant pas attendu notre temps pour prendre forme. Les grands traits du complotisme contemporain prennent en réalité naissance pendant la Révolution française, époque d’une richesse remarquable en matière d’intrigues avérées mais aussi, et surtout, imaginaires. Dès les premiers mois de 1789 ont surgi plusieurs explications alternatives des événements. Pour certains témoins, qu’ils soient favorables ou non à la Révolution, les faits observables à l’œil nu sont un leurre. Les vraies causes du grand bouleversement politique sont à trouver ailleurs. Sur le banc des accusés figurent les philosophes, les protestants, les francs-maçons, les illuminés de Bavière ou encore l’Angleterre.
Vivre pauvre, quelques enseignements tirés de l’Europe des Lumières
Laurence Fontaine
Éditions Gallimard
Dans l’Europe d’Ancien Régime la pauvreté est endémique. La massivité du phénomène induit de la part des autorités des réponses dont la diversité va de la peur devant ces miséreux, qu’il convient d’enfermer dans des institutions qui les mettraient au travail pour leur redressement moral, à la dénonciation des insupportables inégalités sociales et économiques qui retranchent des individus qui ne demandent que leurs droits. En 1777, l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Châlons-sur-Marne met au concours la question des « moyens de détruire la mendicité en rendant les mendiants utiles à l’État sans les rendre malheureux ». Jamais aucun concours n’a attiré autant de participants : cent vingt-cinq mémoires sont envoyés ; ils constituent la meilleure introduction aux débats d’alors sur la pauvreté et se font écho aux questions qui agitent les élites. S’y esquissent nos questions d’aujourd’hui.
L’Abbé Grégoire, une « tête de fer » en Révolution
Françoise Hildesheimer
Éditions Nouveau Monde
Parmi ces « foutus curés qui ont fait la Révolution », l’abbé Grégoire se révèle comme l’une des personnalités les plus originales de cette période qu’il traversera sans jamais renoncer à sa foi et à son rêve de bonheur pour l’humanité. En un temps où la religion subit les attaques les plus virulentes, le curé lorrain se rallie à l’idéal révolutionnaire et y associe le message évangélique, qu’il conçoit comme expression d’un même programme d’égalité et de fraternité. Il échappera à l’obscurité d’une carrière ecclésiastique provinciale en devenant député aux États généraux de 1789, ralliant rapidement le tiers état, membre de l’Assemblée constituante puis de la Convention, évêque de Loir-et-Cher enfin – huit ans d’exaltation révolutionnaire qui précèdent une longue retraite de trente années. Défenseur des Juifs, anti-esclavagiste, partisan du suffrage universel masculin, il est de tous les combats humanistes visant à abattre les barrières entre « les hommes de toutes les couleurs » et entre les religions.
Le duc de Marlborough, John Churchill, le plus redoutable ennemi de Louis XIV
Clément Oury
Éditions Perrin
John Churchill, duc de Marlborough (1650-1722), est considéré comme l’un des plus grands généraux de l’histoire britannique. Mais il est beaucoup plus que cela. Tour à tour commandant d’armée, diplomate et homme politique, cet Anglais fut l’adversaire le plus dangereux d’un Louis XIV vieillissant. Politicien retors, il forma avec son épouse un redoutable couple politique qui domina le gouvernement de la Grande-Bretagne. Pourtant, outre-Manche, les avis sur Marlborough sont loin d’être unanimes. C’est qu’il doit son ascension exceptionnelle autant à ses talents qu’à son art de la séduction et de l’intrigue. Sa légende noire en fait un homme avide de pouvoir et d’argent, ne reculant devant aucune trahison. Mais John a aussi de nombreux admirateurs, et d’abord son biographe et plus célèbre descendant, Winston Churchill. S’appuyant sur des archives considérables, multipliant les points de vue, Clément Oury s’efforce de restituer le rôle de celui que Napoléon appelait le « Grand » Marlborough au cœur des crises majeures qui ont secoué l’histoire européenne.