l'infante marie-Anne-Victoire d'Espagne
En 1722, l'infante Marie-Anne-Victoire, fille de Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV, fut promise à Louis XV dans le cadre d'un accord diplomatique visant à sceller la réconciliation entre les couronnes de France et d'Espagne.
Âgée de moins de quatre ans, elle fut envoyée à Versailles pour y recevoir son éducation. Trois ans plus tard, la nécessité d'assurer une descendance au jeune roi entraîna son retour précipité en Espagne, une décision perçue comme une humiliation qui mit un terme au rapprochement entre les deux monarchies. Deux autres unions viendront finalement sceller l’alliance entre les couronnes de France et d’Espagne, dans le cadre du Pacte de Famille conclu en 1733 :
- En 1739, le mariage de Louise-Élisabeth de France, fille aînée de Louis XV et de Marie Leszczynska, avec Philippe Ier, duc de Parme et fils de Philippe V,
- Puis celui du dauphin Louis de France, également fils de Louis XV et de Marie Leszczynska, avec Marie-Thérèse d’Espagne, sœur de Marie-Anne-Victoire.
« l'Amour présentant à Louis XV leportrait de l'infante marie-Anne-Victoire », double portrait des fiancés royaux
Cette toile des collections du château de Versailles fut peinte en 1724 par Alexis-Simon Belle, peu avant le retour de l'infante en Espagne. Alexis-Simon Belle reprend la formule du double portrait princier popularisée par François de Troy. D’abord conçu de façon rectangulaire, le peintre opte finalement pour une forme ovale pour se concentrer sur les visages du jeune roi et de sa fiancée.
L’artiste met en scène Louis XV désignant d’un geste le portrait de l’infante présenté par l’Amour. Ce jeu de miroir atténue leur différence d’âge tout en unissant les deux figures par l’harmonie des couleurs et des étoffes. La délicatesse des gestes et la douceur des expressions que l'artiste a su rendre dans les visages juvéniles confèrent à la toile une candeur propre à l'enfance des modèles, au-delà du statut royal qu'ils incarnent.
L'Amour présentant à Louis XV le portrait de l'infante Marie-Anne-Victoire d'Espagne
Alexis-Simon Belle, 1724, huile sur toile
© Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin
Le renforcement des liens entre le Patrimonio Nacional et le château de Versailles
Le Patrimonio Nacional est l'institution publique espagnole chargée de la gestion, de la conservation et de l'ouverture au public des sites patrimoniaux appartenant à l'État. Il compte parmi ses sites le palais royal de Madrid, le monastère de l'Escurial ou encore le palais royal de la Granja de San Ildefonso. En 2023, le Patrimonio Nacional a inauguré les Galeries des Collections royales, qui exposent les chefs-d’œuvre issus des collections artistiques historiques de la Couronne d'Espagne. C'est au sein de ces Galeries que sera exposée la toile d'Alexis-Simon Belle jusqu'au 15 février 2026.
Ce prêt s'inscrit dans le cadre de l'étroite collaboration entre le Patrimonio Nacional et le château de Versailles. En effet, outre l'œuvre d'Alexis-Simon Belle envoyée à Madrid, le Patrimonio Nacional a sensiblement contribué à l'exposition Le Grand Dauphin en prêtant au château de Versailles des œuvres insignes de ses collections, dont un portrait du Grand Dauphin par Hyacinthe Rigaud et deux rares commodes attribuées à l'ébéniste Renaud Gaudron. Ces œuvres font partie de l'héritage du Grand Dauphin laissé à son fils Philippe V d'Espagne.
Le prêt du double portrait de Louis XV et de Marie-Anne-Victoire d'Espagne s'inscrit dans le programme « L’Œuvre invitée » (« La Obra Invitada »), une initiative d'exposition temporaire des Galeries des Collections royales. Son objectif est de compléter l'exposition permanente avec des œuvres provenant d'institutions espagnoles, et pour la première fois cette année, d'une institution étrangère grâce au prêt du château de Versailles.




