Le 19 mai 2025 • Communiqué de presse

Acquisition : un portrait de Louis XIV enfant et de sa mère Anne d’Autriche

Peint en 1644 - 1645 par les Beaubrun

Lors d’une vente publique le 18 mai 2025, le château de Versailles a exercé son droit de préemption pour l’acquisition d’un grand portrait de Louis XIV enfant et de sa mère Anne d’Autriche, régente du royaume. Peinte par les cousins Charles (1604 - 1692) et Henri (1603 - 1677) Beaubrun en 1644 - 1645, cette œuvre, à l’iconographie singulière, témoigne des liens entre la reine régente et son fils ainsi que du contexte politique troublé suivant la mort de Louis XIII et précédant la Fronde. L’œuvre rejoint ainsi les collections du château de Versailles où elle pourra être admirée dans les salles Louis XIV. 

Une iconographie singulière

Peint deux ans après l’avènement du jeune roi, le tableau se distingue par la richesse de son iconographie. En effet, la reine-mère y porte le deuil de son défunt époux en arborant non pas une robe et une coiffe noires, conformément aux habitudes du XVIIe siècle, mais du blanc, suivant cette fois une tradition de la fin du Moyen Âge. Le petit Louis XIV, de son côté, est encore « à la bavette » selon l’expression du temps, c’est-à-dire revêtu d’une robe, avant qu’il n’atteigne l’âge de sept ans. Il pose sa main sur celle de sa mère dans un signe de confiance, tandis que cette dernière le soutient d’un geste tendre, appuyant son bras sur son épaule : cette composition fait écho aux liens profonds qui unissent la mère et son fils, né après vingt-trois ans ans de stérilité du couple royal, mais aussi à la situation politique du temps. Anne d’Autriche, en effet, gouverne le royaume en tant que régente pendant l’enfance de Louis XIV, pour son compte et en son nom. 

Un moment charnière de l’histoire saisi sur la toile

Le tableau a été peint entre le mois de mai 1644, qui marque la fin du grand deuil du défunt roi Louis XIII, disparu un an plus tôt, et le 5 septembre 1645, date du septième anniversaire du petit Louis XIV. Ayant atteint « l’âge de raison », ce dernier quitte alors les femmes qui l’élevaient depuis sa naissance − nourrices, gouvernantes − pour passer entre les mains des hommes, gouverneurs, précepteurs et valets, quittant par la même occasion sa robe d’enfant. Cette journée particulière est célébrée comme une fête, avec un grand feu d’artifice, et comme un événement politique, l’enfant étant contraint de tenir un lit de justice, c’est-à-dire une audience spéciale au Parlement de Paris afin de raffermir la fidélité des parlementaires. Ces derniers, déjà indociles en 1645, se rebellent deux ans plus tard aux côtés de la haute noblesse et de la population parisienne, provoquant une guerre civile connue sous le nom de « Fronde ». 

Le portrait acquis est donc un témoignage de ce moment politique, juste avant l’éclatement de troubles ayant joué un rôle fondamental à la fois dans la perception de son pouvoir par Louis XIV, et dans sa décision progressive de s’éloigner de Paris au profit de résidences en Île-de-France, notamment Saint-Germain-en-Laye puis Versailles. 

Les cousins Beaubrun 

Les auteurs du portrait sont deux cousins nés à Amboise, Charles et Henri Beaubrun, des hommes de cour qui se vantaient de pouvoir échanger leurs pinceaux en travaillant sous les yeux émerveillés de leurs modèles. Très appréciés par la reine Anne d’Autriche, ils ont l’honneur de la représenter enceinte, chose rarissime au XVIIe siècle, puis de peindre le futur Louis XIV dès l’âge de huit jours. Leur carrière se prolonge encore après l’exécution du tableau acquis par le château de Versailles, leur permettant de s’illustrer au profit de l’épouse du Roi-Soleil, Marie-Thérèse d’Autriche, et de peindre son fils, le Grand Dauphin. 

La taille et la qualité de l’œuvre préemptée témoignent de l’ambition de la commande, probablement prestigieuse et destinée soit à une grande famille de la noblesse, soit à une cour étrangère. À ce titre, elle n’a d’équivalent que dans les grandes collections européennes, comme le musée du Prado à Madrid ou le Nationalmuseum de Stockholm, qui possèdent encore de nos jours des portraits français de la même époque envoyés par Anne d’Autriche ou Louis XIV en personne. 

Après une étude scientifique rigoureuse, le portrait acquis sera exposé dans les galeries du château de Versailles consacrées au siècle de Louis XIV, partie intégrante du parcours de visite permanent. Dans ce contexte, il permettra de rappeler la place fondamentale des événements politiques s’étant déroulés pendant l’enfance du roi à la fois pour l’histoire de France et pour celle du château. D’une qualité exceptionnelle, la toile nouvellement acquise rejoint d’autres œuvres des Beaubrun dans les collections de Versailles présentant des similarités iconographiques, dont un portrait de Louis XIV nourisson et de sa nourrice Élisabeth Longuet de La Giraudière, une effigie de Louis XIV et d’Anne d’Autriche et un portrait d’Anne d’Autriche, de Marie-Thérèse et du Grand Dauphin.

La politique d’acquisition du château de Versailles

En tant que musée national, le château de Versailles a pour mission de contribuer à l’enrichissement des collections publiques par l’acquisition de biens culturels pour le compte de l’État. Achats, dons et legs permettent de faire entrer au musée des œuvres et objets d’art qui éclairent la collection existante, en complètent le propos et en comblent les lacunes. Les champs sont très divers et incluent une extraordinaire collection de portraits qui illustre les « gloires de la France » dans tous les domaines et fait de Versailles une « National Portrait Gallery » à la française.

Communiqué de presse

Visuel

Portrait d’Anne d’Autriche, régente de France (1601 - 1666) et de son fils Louis XIV (1638 - 1715), Charles et Henri Beaubrun, 1644 - 1645, huile sur toile

© Osenat

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