Origines d’une icône
L’assassinat de Marat par Charlotte Corday, le 13 juillet 1793, suscita une immense émotion. Dès le lendemain, la Convention commanda au peintre Jacques-Louis David un portrait du nouveau martyr de la Révolution. L’œuvre représente Marat, la tête couverte d’un linge noué en turban, assis dans sa baignoire, tenant dans sa main droite une plume, symbole de son activité de journaliste, qui a été la cause de son assassinat ; dans sa main gauche se trouve encore la lettre qui permit à Charlotte Corday d’obtenir une audience. Dans l’ombre est posé le couteau qui a été utilisé pour le tuer. La composition, très dépouillée, permet de sublimer le corps nu et sa blessure, transformant Marat en une figure christique.
Achevé en trois mois seulement, le tableau fut offert à la Convention qui commanda au peintre, dès l’année suivante, des « copies soignées ». Ces répliques d’atelier furent conservées avec l’œuvre originale par les enfants de l’artiste, après sa mort, en exil à Bruxelles, en 1825. Le chef-d’œuvre original de David se trouve aujourd’hui dans les collections des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, et le château de Versailles en possède l’une des répliques.
une Œuvre emblématique dans les collections du château de Versailles
Ce tableau est entré en 1903 dans les collections versaillaises pour compléter la représentation des grandes figures de la Révolution au sein des galeries historiques. Le musée voulu par le roi Louis-Philippe, inauguré en 1837 au château de Versailles, présentait de nombreux oublis volontaires sur cette période très controversée. Pierre de Nolhac, conservateur de Versailles, fit donc l’acquisition de cette oeuvre emblématique. Le Château conservait, par ailleurs depuis 1893, le dessin du visage de Marat sur son lit de mort, réalisé par David, sur modèle, juste après l’assassinat. Ce dessin servit d’étude à l’artiste pour la réalisation de la composition finale.
À l’occasion de l’exposition Marat assassiné aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, le château de Versailles a, pour la première fois, fait conduire des examens scientifiques sur l’œuvre, au sein du laboratoire du Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France (C2RMF). Ces analyses permettent aujourd’hui de connaître en profondeur la toile et ses conditions de réalisation (mise au carreau, nature des pigments, etc...).
l’exposition
Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique possèdent, depuis 1893, le chef-d’oeuvre de Jacques Louis David, Marat assassiné (1793). Afin de témoigner de la position centrale qu’il occupe dans l’avènement de l’art moderne, le musée propose une exposition dédiée à cette pièce maîtresse de ses collections.
L’exposition présentera, en introduction, les résultats scientifiques d’une campagne de recherches, intitulée Face to Face. Menée récemment sur l’oeuvre originale, celle-ci a permis, pour la première fois, de révéler notamment le dessin sous-jacent du chef-d’oeuvre.
Dans un second volet, historique quant à lui, seront présentées les répliques d’atelier conservées au château de Versailles, à Reims, et à Dijon, ainsi qu’une oeuvre issue d’une collection privée (Paris).
Ce volet sera complété, dans une troisième approche, par les interprétations contemporaines d’artistes comme Picasso, Ai Weiwei, Gavin Turk, Jean-Luc Moerman, Jan Van Imschoot ou encore Rachel Labastie...
Marat assassiné
Du 28 avril au 7 août 2022
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, rue de la Régence, 3 - 1000 Bruxelles
Informations : www.fine-arts-museum.be
Les salles de la révolution Française du château de versailles
L’œuvre de David est habituellement présentée dans les salles de l’attique Chimay du château, consacrées à la Révolution française. Ces espaces ont fait l’objet en 2021 d’un réaménagement et d’un réaccrochage entièrement repensés.
Plusieurs œuvres emblématiques y sont également conservées, à l’image de l’esquisse du Serment du Jeu de Paume par David, du portrait de Jean-Baptiste Belley, député de Saint-Domingue par Girodet, des Adieux de Louis XVI à sa famille, à la prison du Temple par Bénazech, du portrait de Charlotte Corday par Hauer ou encore de nombreux portraits des hommes célèbres de cette période...
la politique de prêt du château de versailles
Les collections du château de Versailles comptent près de 84 000 œuvres : peintures, mobilier, livres, dessins, sculptures, objets d’art, carrosses... Conserver, restaurer et valoriser ces collections constituent l’une des missions principales de l’Établissement public et l’accès du plus grand nombre à ces chefs-d’œuvre est une volonté permanente. Chaque année environ 300 œuvres sont prêtées pour des expositions temporaires en France et dans le monde. Ces événements permettent aux visiteurs de découvrir, près de chez eux, la diversité et la richesse des collections de Versailles.