Le Versailles de
Thierry Sarmant

Archiviste-paléographe, conservateur général du patrimoine et directeur des collections du Mobilier national, il est spécialiste de l’Ancien Régime et auteur de nombreux ouvrages. Découvrez « Le Versailles de » Thierry Sarmant.

Sa biographie

© Isabelle Bideau, Mobilier national

Archiviste-paléographe, docteur habilité de l’université de Paris-I, Thierry Sarmant est conservateur général du patrimoine et directeur des collections du Mobilier national. Historien de l’Ancien Régime, il a publié notamment Louis XIV : l'homme et le roi (Tallandier, 2014), 1715 : la France et le monde (Perrin 2014) et plus récemment Le Grand Colbert (avec Mathieu Stoll, Tallandier, 2019) et Pierre le Grand : La Russie et le monde  (Perrin, 2020). Intervenant régulier dans le cadre de la programmation culturelle « 1 an à Versailles »,  il a notamment co-animé le cycle-événement Versailles et le monde avec Éric Pincas autour de l’exposition Visiteurs de Versailles. 1682-1789.

Ses coups de cœur

  • Versailles émerveille le visiteur, mais bien souvent chacun s’attache à un lieu plus qu’à un autre ; lequel est-ce pour vous ? Pourquoi ?

Pour moi, le meilleur de Versailles… c’est le Grand Trianon ! Lieu véritablement féérique, architecture de théâtre immergée dans la nature, grâce à la grande percée du péristyle – dont la documentation laisse à penser qu’il est une idée de Louis XIV lui-même. Aucun site versaillais n’égale à mes yeux le charme de ce palais de rêve, qu’il s’agisse de la partie du « Trianon de marbre » ou de l’aile postérieure de Trianon-sous-Bois. J’ajouterai que Trianon et ses jardins sont moins exposés à la foule que le château de Versailles et que l’atmosphère y est de ce fait plus paisible. On pense à la fable de La Fontaine :

« Solitude où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ? »

Trianon, ou l’alliance de la grâce et de la grandeur.

  • Au détour d’une salle ou d’une allée, une peinture, une sculpture ou un objet a retenu votre attention ; quel est-il ? Que représente-t-il pour vous ?

Parmi les œuvres les plus séduisantes et peut-être les moins souvent mises en avant, je mettrai au premier rang le relief du Bain des Nymphes, par François Girardon. Ces nymphes jouant dans l’eau sont d’une suavité exquise, sans rien de la raideur que l’on prête abusivement au « Grand Siècle ».

Bas-relief du Bain des nymphes, par François Girardon

© château de Versailles

  • Nos premiers pas dans la galerie des Glaces, l’eau jaillissant des Grandes Eaux… Chacun d’entre nous possède un souvenir de Versailles plus fort que les autres. Lequel est-ce pour vous ?

Les premiers souvenirs sont peut-être les plus forts ! Je me revois, petit garçon des années 1970, affublé d’un pantalon à pattes d’éléphant et d’une veste en mouton retourné (c’était la mode de ce temps-là), affrontant avec mes parents les pavés disjoints de la cour royale… Le parc, la galerie, la chambre du Roi, la chambre de la Reine, sont des images qui demeurent gravées dans la mémoire dès la première visite.

Ses conseils de lecture

  • Versailles se raconte à travers des milliers de pages, des mémoires les plus anciens aux livres d’art les plus récents. Quel est pour vous le livre incontournable sur Versailles ?

Les Mémoires de Saint-Simon, évidemment, même si le duc mémorialiste est plus amateur d’ambiances que de descriptions, et même s’il est un grand contempteur de Versailles, « le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux, sans vue, sans bois, sans eau, sans terre parce que tout y est sable mouvant et marécage… » Quoi qu’en disent certains esprits chagrins, les Mémoires demeurent une source historique de premier ordre, en même temps qu’un monument littéraire, inégalé, monument de style, mais aussi d’humour.

  • Classique, récit d’aventures, beau-livre… Incontournable de votre bibliothèque ou récente découverte, auriez-vous un conseil de lecture à nous donner ?

Pour les Versaillogues amateurs ou avertis, je recommande les Mémoires de la comtesse de Boigne, sans doute la mémorialiste la plus savoureuse du XIXe siècle, dont les souvenirs vont de la cour de Louis XVI jusqu’à la Révolution de 1848. On y retrouve la fin du Versailles de la cour et la naissance du Versailles-musée (avec l’inauguration du château rénové par Louis-Philippe). Mais Mme de Boigne offre surtout une réflexion de première importance sur la genèse de la France contemporaine.

Retrouvez en écoute des rencontres du cycle-événement "Versailles et le monde" co-animé par Thierry Sarmant : "Versailles et le monde - La Russie" et la conférence de clôture.
Un lieu, une œuvre, un souvenir… Découvrez « Le Versailles de » Éric Pincas en cinq questions.

Découvrir l'intégralité des coups de cœur et conseils de lecture