Le Versailles de
Stanis Perez

Professeur habilité à diriger des recherches et docteur en histoire de l’EHESS, Stanis Perez est notamment l’auteur de La santé de Louis XIV. Une biohistoire du Roi-Soleil. Découvrez « Le Versailles de » Stanis Perez.

Sa biographie

Professeur habilité à diriger des recherches et docteur en histoire de l’EHESS, Stanis Perez est coordonnateur de recherche à la Maison des sciences de l’homme Paris-Nord. Chercheur, conférencier et membre de plusieurs sociétés savantes, il participe également au DU d’histoire de la médecine à l’université Paris-Descartes. Il est notamment l’auteur de La santé de Louis XIV. Une biohistoire du Roi-Soleil (Champ-Vallon, 2007), d’Histoire des médecins – Artisans et artistes de la santé de l’Antiquité à nos jours (Perrin, 2015) et dernièrement de l’ouvrage Le corps de la reine (Perrin, 2019).

Ses coups de cœur

  • Versailles émerveille le visiteur, mais bien souvent chacun s’attache à un lieu plus qu’à un autre ; lequel est-ce pour vous ? Pourquoi ?

La Chapelle royale est, pour moi, un lieu à part : elle résonne encore de violes de gambe, de hautbois ou de clavecins lorsque de grands ensembles baroques s’y produisent. L’harmonie et l’équilibre étaient des données esthétiques fondamentales à l’âge classique. La spiritualité faisait bon ménage avec la recherche de la beauté. C’est ce que je retrouve, lors des concerts, dans ce lieu sacré du Château.

Chapelle royale depuis la tribune

  • Au détour d’une salle ou d’une allée, une peinture, une sculpture ou un objet a retenu votre attention ; quel est-il ? Que représente-t-il pour vous ?

Qui s’est aventuré jusqu’à l’extrémité de la pièce d’Eau des Suisses ? On y découvre une réplique de la statue équestre du roi, une pièce achevée, en 1677, par Le Bernin. Fougue, force, fantaisie : ce chef-d’œuvre incontestable a pourtant déplu au monarque et le bloc de marbre fut retouché, rebaptisé puis relégué... La disgrâce royale frappait même les œuvres d’art ! Aujourd’hui, la statue attend, un peu solitaire et oubliée, dans l’Orangerie tandis que sa copie n’est plus, pour les visiteurs qui regardent dans sa direction, qu’une tache blanche difficile à identifier.  C’est bien dommage.

  • Nos premiers pas dans la galerie des Glaces, l’eau jaillissant des Grandes Eaux… Chacun d’entre nous possède un souvenir de Versailles plus fort que les autres. Lequel est-ce pour vous ?

À l’âge de vingt ans, le Perpignanais que j’étais visita, pour la première fois, un monument qu’il ne connaissait que par les livres ou la télévision. C’est sa vue, au loin, dans l’axe de l’avenue de Paris, qui m’a marqué : j’imaginais un bâtiment plus imposant mais surtout plus fermé. Là, le léger promontoire où se trouve le Château rend celui-ci très visible, très ouvert, comme une scène, un décor de théâtre. Cette visibilité est importante (songeons aux donjons médiévaux…) ; elle traduit aussi une manière de ne pas enfermer le pouvoir, et c’est symbolique, derrière de hauts murs aveugles.

 

Ses conseils de lecture

  • Versailles se raconte à travers des milliers de pages, des mémoires les plus anciens aux livres d’art les plus récents. Quel est pour vous le livre incontournable sur Versailles ?

La Résurrection de Versailles. Souvenirs d’un conservateur (1887-1920) (Plon, 1937 ; rééd. Mon autre librairie, 2020). Pourquoi choisir les mémoires du conservateur et érudit Pierre de Nolhac ? Parce que la protection et la mise en valeur d’un monument sont inséparables de ceux qui le font vivre et parfois même le ressuscitent, à force de science et de courage. Ce texte passionné est une magnifique contribution à Versailles ; le classicisme délicat de son style ne le dépareille en rien avec l’architecture du lieu et l’aventure humaine qu’il relate souligne le travail fondamental des conservateurs.

  • Classique, récit d’aventures, beau-livre… Incontournable de votre bibliothèque ou récente découverte, auriez-vous un conseil de lecture à nous donner ?

Personnellement, je privilégierais les ouvrages dans lesquels le lecteur peut piocher librement. Quoi de mieux, alors, que les lettres de la princesse Palatine, la truculente belle-sœur de Louis XIV ? Son point de vue complète agréablement, et souvent avec un humour supérieur, la grande épopée des Mémoires de Saint-Simon. Les portraits et les anecdotes que cette correspondance contient sont une remarquable introduction à la vie à la Cour et même à la psychologie d’une femme au tempérament carrément royal !

Retrouvez en écoute les conférences de Stanis Perez : "La santé du roi" et "Des mots pour des maux, les journaux de santé royaux".

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