Le Versailles de
Cécile Berly

Historienne spécialiste du XVIIIe siècle, et plus particulièrement de la Révolution française et de l’image de Marie-Antoinette, elle a diversifié ses travaux de recherches sur l’écriture épistolaire des femmes du XVIIIe siècle. Découvrez « Le Versailles de » Cécile Berly.

Sa biographie 

Cécile Berly est une historienne spécialiste du XVIIIe siècle. S'étant initialement consacrée à l'étude de la Révolution française et à l’image de Marie-Antoinette (Marie-Antoinette, Citadelles & Mazenod, 2010 ; Marie-Antoinette à Versailles, château de Versailles & RMN, 2013 ; Idées reçues sur Marie-Antoinette, Le Cavalier bleu, 2015), elle a diversifié ses travaux de recherches sur les femmes du XVIIIe siècle et notamment leur écriture épistolaire. Elle vient de faire paraître Trois femmes. Madame du Deffand, Madame Roland, Madame Vigée Le Brun, aux Editions Passés Composés, 2020. Elle tient désormais une chronique dans Histoire magazine consacrée à des « Portraits de femmes en écriture ». 

Ses coups de cœur

  • Versailles émerveille le visiteur, mais bien souvent chacun s’attache à un lieu plus qu’à un autre ; lequel est-ce pour vous ? Pourquoi ?

J'ai la chance de bien connaître le château, de l'avoir parcouru depuis les coulisses, et des appartements privés de la reine. Cependant, ce qui me touche en particulier ce sont ces lieux, ces passages entre la vie publique et la vie privée. La porte située entre la chambre d'apparat de la reine et ses appartements privés, à proximité de son fameux serre-bijoux : là, on se rend compte à quel point Versailles est un vaste théâtre politique qui met en scène la personne royale. Cette porte est très émouvante : quand elle la franchit, Marie-Antoinette est la reine. Au-delà, elle peut être elle-même et avoir l'illusion d'être une simple particulière.

  • Au détour d’une salle ou d’une allée, une peinture, une sculpture ou un objet a retenu votre attention ; quel est-il ? Que représente-t-il pour vous ?

Versailles est si riche ! Ce serait un élément d'architecture : la lucarne ou l’œil de bœuf du salon au nom éponyme ! Cet endroit, je le vois grouillant de courtisans, traversé de commérages et de rumeurs. L’œil de bœuf, à mes yeux, est un élément qui illustre au mieux ce qu'a pu être la vie à la cour de Versailles. Un lieu de passage, de vie, de médisance. Tout cela sous l’œil, symbolique, de l'étiquette et de la politique. En outre, il participe à la monumentalité de ce salon tout en étant finement travaillé, et très lumineux.

Le salon de l'oeil de boeuf 

© château de Versailles

  • Nos premiers pas dans la galerie des Glaces, l’eau jaillissant des Grandes Eaux… Chacun d’entre nous possède un souvenir de Versailles plus fort que les autres. Lequel est-ce pour vous ?

Un souvenir de mon enfance. Découvrir le château de Versailles avec des yeux d'enfant reste, pour moi, un souvenir indélébile. Je devais avoir 9 ou 10 ans. Ce qui m'a le plus fortement marquée et impressionnée, ce sont les jardins. Je me souviens de l'émotion très forte qui m'a enveloppée quand j'ai découvert les parterres d'eau. La vue parfaite qui se prolonge jusqu'au Grand Canal. Je suis une enfant du bicentenaire de la Révolution. Pour moi, ce château était celui de mon livre préféré, Alain Decaux raconte la Révolution française aux enfants. Là, je voyais ce qui m'avait fascinée dans ces pages illustrées : un château monumental et des jardins féeriques. Je me souviens que ce jour-là, il y avait un soleil magnifique et une chaleur suffocante.

ses conseils lecture 

  • Versailles se raconte à travers des milliers de pages, des mémoires les plus anciens aux livres d’art les plus récents. Quel est pour vous le livre incontournable sur Versailles ?

Les Adieux à la reine de Chantal Thomas, sans aucune hésitation. Elle est l'une des meilleures dix-huitièmistes, elle en a une maîtrise on ne peut plus parfaite. Par le roman, elle a réussi là où la plupart des historiens échouent : reconstituer savamment une époque, des usages, des sensibilités. Elle entraîne son lecteur dans les méandres de Versailles, que ce soit au château, dans les jardins ou au Petit Trianon. Elle propose un portrait psychologique de la reine d'une grande subtilité et rend compte de l'ambivalence de l'amitié féminine telle qu'elle a pu exister au XVIIIe siècle dans des cercles privilégiés. Chantal Thomas est l'une des plus belles plumes françaises, l'une des plus sensibles. Elle compte beaucoup pour moi.

  • Classique, récit d’aventures, beau-livre… Incontournable de votre bibliothèque ou récente découverte, auriez-vous un conseil de lecture à nous donner ?

J'ai dévoré le dernier livre de Didier Le Fur, Peindre l'histoire (Passés Composés, 2019) : une grande partie de l'iconographie qu'il a pu réunir et étudier dans cet ouvrage appartient à la galerie des Batailles, située au premier étage de l'aile du Midi. Didier Le Fur présente des figures légendaires ou mythiques de notre histoire : de Clovis à Jeanne d'Arc, de Charlemagne à Henri IV. Outre la pertinence du propos – comprendre comment l'histoire crée et recrée ses personnages au gré des époques et des changements politiques – c'est un livre dans lequel on aime se perdre. Observer, découvrir des détails, des façons de peindre absolument superbes. Je vous le recommande chaleureusement.

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